Planches de kitesurf
en contreplaqué et époxy

Planches de kitesurf en contreplaqué et époxy

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Après avoir vu le site http://www.teethgrinder.co.uk/kiteBuilding/plyBoard.php j'ai décidé de faire une planche en contreplaqué. Comme le résultat sur l'eau est très bon à mon goût, j'en suis à la sixième:
La numéro 1 avait beaucoup de flex, très agréable dans le clapot mais elle a cassé.
La numéro 2 marche très bien (30,5Nd!)avec les mêmes cotes mais en plus épais pour être plus costaud.
La numéro 3 a duré à peine quinze jour mais fut exceptionnelle.
La numéro 4 est sa copie en matériaux composite.
2005: La numéro 5 est une planche démontable.
2006: La numéro 6 est une une planche parabolique

Phase un, le shape

Outline

Une étude approfondie des photos des planches 2002 m'a convaincu que l'outline de toutes ces planches pouvait s'approximer facilement à une portion d'ellipse.
Il suffit alors de trouver le grand axe, le petit axe et la longueur de la planche et l'outline est complètement défini.
J'ai même fait une feuille Excel qui vous calcule les cotes de la planche tous les 5cm et c'est comme ça que j'ai tracé l'outline.
La planche fait 152x38 cm.

Explication des lettres:
a: demi grand axe de l'ellipse
b: demi petit axe de l'elleipse et aussi demi largeur de la planche
l: demi longueur de la planche
t: demi largeur de la planche aux extremités
x: abscisse sur le grand axe (origine au milieu de la planche)
y: ordonnée sur le petit axe

Nouveauté 2006: Le shape parabolique

Cette nouvelle forme introduite par F-ONE sur les SK8 puis sur les démons est censée donner un meilleur comportement dans les vagues. Le terme "parabolique" fait référence aux ski paraboliques ou de carving. En fait entre les pieds, l'outline au lieu d'avoir la forme convexe de l'ellispse, présente un etrès léger concave.
Je l'ai réalisé en raccordant plusieurs ellipses et touijours avec une feuille Excel.

Ma planche est inspirée de la démon F-ONE mais agrandie, donc la partie parabolique est faite complétement au pif.

Rocker

C'est la courbure de la planche dans le sens de la longueur. Je l'ai obtenu très simplement avec des tasseaux de 3cm aux extrémités et du poids un milieu.
Pour éviter d'être trop plat au milieu, j'ai posé le tout sur deux poutres elles-mêmes fléchies par des tasseaux à chaque extrémités.

Le rocker ainsi obtenu est plus constant que celui des planches de série qui sont plus plates au milieu et plus relevées aux extrémités.

La deuxième tentative avec du contreplaqué plus épais donne un rocker encore plus régulier, moins marqué sur les extremités.

La difficulté est de bien doser les poids utilisés pour donner une courbure harmonieuse. Si on charge trop l'ensemble va s'aplatir au milieu.
Pour la numéro 6 j'ai ajusté avec le bon nombre de bouteilles pour que la poutre qui donne la courbure au milieu touche juste le sol.

Phase deux, les matériaux

Première planche (cassée):

Je voulais du vrai contreplaqué marine de 5mm. C'est plus cher et surtout beaucoup plus difficile à trouver au détail que le CTBX . Vu le prix et la faible demande, en général ça ne se vend que par feuille entière de 3m x 1,53m.
J'ai eu la chance de trouver le magasin Bricol'Antibes près du Port Vauban à Antibes qui détaille du contreplaqué marine. Et chance inouïe, il a pu me couper deux planches de 40x153cm en 5mm d'épais, une dans le fil du bois et une autre dans le sens perpendiculaire, ce qui est d'idéal pour assembler des plis de contreplaqué. Ça m'a coûté 60 €.

Deux sortes de résines sont possibles, le polyester ou l'époxy. Le polyester est plus économique mais plus difficile à doser ( catalyseur en toute petite quantité) et plus hasardeux à mettre en oeuvre. Il est recommandé de faire deux couches. L'époxy est plus cher mais plus facile à utiliser (mélange dans des proportion 30-70) et donne un résultat plus solide et résistant dès la première couche. On peut choisir la vitesse de durcissement et je recommande de prendre la plus longue possible. J'ai pris 1h30, et fallait bien ça car en moins d'une heure, mon pot avait complètement polymérisé, à cause de la chaleur de la réaction. Les temps donné sont pour un récipient large et peu profond. J'ai utilisé un pot de confiture assez haut qui chauffe trop vite.

J'ai mis une couche de rowing, fibre de verre tissée entre mes deux plis de contreplaqués. Pour l'ensemble résine et fibre j'en ai eu aussi pour 60€.

Deuxième planche (celle qui résite):

De l'avis général la couche centrale de fibre de verre ne servait à rien, c'est sur les couches externes qu'il faut renforcer, c'est la base de la résistance des matériaux. Avant de me lancer dans les matériaux composites, j'ai voulu refaire un essai avec un matériau bon marché, le contreplaqué CTBX. Ce coup ci j'ai acheté deux planches de 8mm en CTBX pour 13€. Il a fallu racheter de la resine, 33€. Le résultat est plus lourd, avec moins de flex, mais suffisament et à l'usage j'en suis très content. C'est une sorte de F-ONE explorer 156 un peu plus courte mais avec un scoop de SK8. Ca crante vraiment bien et j'encaisse les rafales avec ma Mach 1 18m2 sans déraper. Je l'utilise aussi avec ma Takoon Skoop 9m2 jusqu'à 30-35noeuds.

Troisième planche, la PDP 50 (Planche de Pétole)

Une très grande surface, 160x50, plate au milieu et un poil de rocker aux extremités, 2 cm.
A nouveau deux planches de CTBX de 8mm.
Pour gagner du poids seule la planche du dessous fait 50 cm de large, celle du dessus fait seulement 36cm.
Voir les photos, la feuille Excel avec le graphique ,les essais et la quatrième planche, sa nouvelle version en composite

5ème planche, démontable 148x39 3 planches de CTBX de 5mm. La 3eme est découpée en As de Pique pour gagner du poids.

6ème planche, parabolique 140X40, comme la numéro 2, 2 planches de CTBX de 8mm. Poncée aux extremités et près des chants pour gagner du poids.

Phase trois, la réalisation

J'ai tracé l'outline calculée avec ma feuille Excel, puis découpé a la scie sauteuse à environ un cm a l'extérieur de l'outline. J'ai fait cette première découpe approximative pour deux raisons:
- utiliser moins de résine
- avoir plus de rocker sur les extrémités
Ensuite pour la première planche j'ai découpé un rectangle de fibre rowing avec 2 ou 3cm de marge. C'est inutile.

J'ai préparé le chantier avec suffisamment de plastique et journaux pour protéger le sol, et calé la première planche sur ses tasseaux. J'ai enduit de résine l'intérieur de la première planche, puis déposé la fibre, enduit la fibre de résine jusqu'à ce qu'elle soit transparente et bien collée au bois, enduit de résine la face intérieure de l'autre planche. C'est la phase la plus délicate, il ne faut pas traîner avant que la résine ne polymérise. En fait cette couche intérmediaire de fibre ne sert à rien.

Ensuite on presse la deuxième planche sur la résine et on place le lest. J'ai utilisé un sac de terreau de 50l et 4 pack d'eau minérale.

Laisser durcir au moins 24h,

Découper la fibre qui dépasse, puis la planche à la scie sauteuse avec un angle de 60 degrés.

Deuxième et troisième planche: pas de fibre au milieu, juste les 2 plache enduites de résine et mise en forme par le même procédé> Attention à la température de la pièce. Il faut au moins 20 degres sinon ca polymèrise trop lentement. J'ai utilisé une glacière remplie d'eau plutot que du terreau, c'est moins salissant.

Pour la fixation des straps j'ai utilisé des boulons inox à tête fraisée, vissés par en dessous. Comme ça pas d'insert, pas d'aspérité en dessous. Même chose pour l'attache du leash.

Je me suis servi des boulons pour
suspendre la planche au plafond pour
pouvoir l'enduire de résine en une seule fois.

Pour la planche numero 6 j'ai utilisés les vis de la poignée et un étau

Ensuite j'ai enduit de résine les faces externe
de la planche et laissé durcir encore 24h.

Je n'étais pas convaincu de la nécessité des ailerons alors j'ai opté pour un compromis:
Je n'en ai mis que deux du coté des talons, la carre dans l'eau.

En fait la planche navigue très bien même en faky, du coté sans aileron.

Ici on voit le rocker, une fois terminée:

Inovation: le pare-choc!

La plupart des planches de kitesurf ont des extrémités fines à la fois fragiles et dangereuses pour le kitsurfeur. Las de réparer régulièrement les petits chocs sur les extrémités, je cherchais un profilé de caoutchouc ou de plastique souple à fixer à l'extremité et j'ai eu l'idée beaucoup plus simple à mettre en oeuvre: le mastic Rubson pour faire les joints de lavabo. Pour la deuxième planche j'ai taillé l'extrémité presque perpendiculaire et j'ai sculpté en Rubson la finition. Maintenant on peut poser cette planche sur du goudron, du gravier sans l'abimer.

Essais

Cette planche remonte mieux au vent que mon Twin Tip F-ONE TT178. J'ai du me faire à la position des straps un peu plus rapprochés mais maintenant c'est bon.

La fixation du leach au début était trop loin du bout de la planche et elle coulait comme une paravane de ligne de pêche, jusqu'à toucher le fond. J'ai rapproché l'anneau du bord et elle ne coule plus.

Poids avec les straps et sans le leach: 3,8Kg avec 2 plis de contreplaqué marine de 5mm

Une planche BIC de la même taille fait 3Kg, mais comptent-ils les straps?

Pour 120€, c'est une super planche et le look bois verni est vraiment classe.

Poids avec 2 plis de contreplaqué CTBX de 8mm: 4,6Kg sans les straps, 4,9Kg tout equipée.

15 Novembre 2003, Saint-Aygulf: fin des essais de la première planche

Environ 15 noeuds de vent, la Mach 1 18m2, une petite vague qui me déséquilibre, la chute en avant en gardant les pieds dans les straps, je pilote l'aile au jugé la tête dans l'eau pour ne pas la faire tomber, quand je rouvre les yeux, l'aile au zénith, je regarde derrière moi et je vois la planche en deux morceaux reliés par le strap.

C'est étonnant, serait ce la pression de l'eau sur la planche par le dessus quand j'étais tiré par l'aile? Je m'attendais à casser cette planche dans une reception de saut mais pas sur une bête chute en avant.

Maintenant que j'ai cassé deux planches de cette façon, je pense qu'une traction vers le haut sur les strps concentre l'effort sur les vis de fixations alors qu'une pression vers le bas est repartie sous la surface du pied.

Donc quand la planche est sous l'eau, sortez les pieds des straps! Ne surtout pas se faire tirer vers le haut planche immergée.

Conclusion de la première planche

Le shape et le flex était très bon pour moi, la planche remontait vraiment bien au vent et passait bien dans le clapot. Le look était superbe, mais la composition des matériaux est à revoir. La fibre de verre au milieu n'apporte pas vraiment de robustesse supplémentaire.

Utilisation de la deuxième planche

Meme facilité pour sortir de l'eau, beaucoup moins de flex, mais ça passe quand meme bien dans les vagues. Ca fait maintenant 2 anss que je navigue avec et elle est super. Elle crante bien et encaisse les rafales. Je l'ai utilisé pour l'épreuve de vitesse de la Fysurf Jam Party à Port Saint louis par 30-35 nds de vent et j'ai été chronométré à 53 km/h et aussi une pointe à 30,5nds mesurée au GPS.

Essais de la troisième planche, la PDP 50

Cette planche permettait de remonter au vent par à peine 10 noeuds. Nous avons meme fait du wakeboard tiré par deux potes qui couraient sur la plage, voir la video. Malheureusement j'ai voulu sauter avec et elle a cassé après une chute, de la même façon que la première, en traction vers le haut, la planche sous l'eau et le bonhomme tiré par l'aile. Pour éviter cette casse, sortez des straps en cas de chute.

Elle est si bien que je l'ai refaite avec de la fibre de verre et un noyau différent, mais meme shape.

Nouveauté 2006: une planche parabolique

Pour ma 6eme planche j'ai pris la même technique de construction que la numéro 2, c'est à dire deux planches de contreplaqués de 8mm.
L'outline est différent, creusé entre les pieds comme les skis paraboliques. C'est une forme utilisée par F-ONE pour ses SK8 et la Démon.
C'est une sorte de grosse démon de 140x40.

Quelques innovation par rapport à la numéro 2:

Une seule poutre donc plus étroite supportant le collage, avec des pinces à linge tout le long du bord pour d'assurer d'un collage impeccable sur les rails. La poutre plus étroite que la planche crée un léger concave (très léger).

Pour gagner du poids j'ai poncéà la ponceuse à bande et enlevé de l'épaisseur aux extrémités et le long des rails.

Le dessous est décoré avec des lettres au faites avec des vieux pochoirs pour marquer des caisses et tracées au crayon. J'évite les mélanges encre-résine qui peuvent donner des résultats baveux.

Les autres décoration sont imprimées sur une feuille de papier blanc, découpée, posées sur la résine fraîche et recouverte aussitôt de la même résine.

J'ai mis des vis pour une poignée centrale et ces vis m'ont permis de faire la couche extérieure de résine en une seule fois en faisant d'abord le pont, fixé une équerre par les vis de la poignée, avec des contres écrous, pour ne pas toucher la résine fraîche. J'avais percé un nouveau trou dans l'équerre pour avoir le même écartement que la poignée. Ensuite je peux manipuler la planche par cette équerre que je serre dans un étau et je peux faire tranquillement la résine de la carène. Travailler à plat donne un meilleur résultat que vertical, pas de coulures.

Comme j'avais des extrémités assez fines, je n'ai pas voulu mettre un pontet pour le leash, j'ai utilisé les 2 vis de l'aileron en mettant un bout de sangle entre les 2 vis. Pour percer la sangle je l'ai brûlée au fer à souder , serrée entre 2 rondelles du bon diamètre.